| 4. Pour les lieux
                  
                    Il n’est pas fait de différence entre institutions publiques et institutions privées, de type associatif par exemple. En revanche,
                  les collections conservées par des personnes physiques sont exclues du champ du répertoire. Le répertoire se limite aux collections
                  situées sur le territoire français; toutefois, le cas échéant, il sera fait référence, dans les notices, aux collections étrangères
                  concernant les auteurs recensés dans le répertoire. Les archives de maisons d’édition seront considérées dans la mesure où
                  des manuscrits littéraires y sont conservés. Les archives des associations d’auteurs pourront être utilisées comme complément,
                  et notamment pour identifier les archives d’auteurs français du XXème siècle qui ne seraient pas conservées en France.
                Sous le terme d’institutions publiques était évidemment entendu au premier chef les bibliothèques, les services d’archives
                  et les musées mais aussi les bibliothèques universitaires, bibliothèques de grands établissements. Il s’agissait donc, tout
                  comme le répertoire anglais, d’établir un outil de travail transversal, impliquant notamment une coopération documentaire
                  entre archives et bibliothèques et musées.
                Pour l’essentiel, les caractéristiques scientifiques du programme anglais étaient conservées, à une exception, non négligeable,
                  près, celle des limites chronologiques: le Location register concerne, en effet, les auteurs ayant vécu au delà de l’année
                  1899, sans terminus ad quem. Au cours de cette première étape du programme, le projet, à la tête duquel n’a été placé que très brièvement un chef de projet
                  (six mois), a été soutenu financièrement par le Ministère de la culture, et le CNRS mais aussi, scientifiquement par la BnF,
                  ce qui a permis de réaliser d’une part des recensements portant sur des institutions situées en région parisienne (une centaine),
                  d’autre part d’élaborer des notices à partir des fonds du département des manuscrits de la BnF et, pour 20 auteurs ›test‹
                  dans des institutions situées à Paris et dans la région Centre.
                Il est très vite apparu, au cours de cette période transitoire, que le projet devait être revu pour aboutir dans les délais
                  prévus. Trois problèmes en effet se révélaient particulièrement préoccupants: le Ministère de l’Éducation nationale n’était
                  pas intégré au programme au plan institutionnel. Or la bibliothèque littéraire Jacques Doucet (BLJD), une des plus riches
                  en matière de manuscrits littéraires, en dépend admi- [2/ S. 274:]  nistrativement; la convention de 1994 ne prévoyait pas l’existence d’une base de données, et donc aucun choix de système informatique;
                  le répertoire n’avait pas de cadres permanents, ni même un chef de projet. En conséquence la décision a été prise à la fin de 1996 de préparer une seconde convention, dont la signature est prévue pour
                  la fin 1999, incluant le Ministère de l’Éducation nationale et la Chancellerie des universités de Paris (pour la BLJD). Cette
                  nouvelle convention, qui courra sur cinq ans, prévoit un point important de l’architecture du programme, à savoir que la BnF
                  contribue au projet par l’octroi de moyens scientifiques et techniques, notamment en hébergeant la base de données du répertoire
                  sur sa base BN-OPALINE. Le Ministère de la culture a par ailleurs mis un chef de projet à la disposition du répertoire.
                Le champ couvert par le répertoire doit pour sa part faire l’objet d’un nouvel examen au cours de l’année 1999 en prenant
                  comme point de départ l’annexe scientifique réalisée en 1994, les travaux d’un groupe d’experts réuni en 1998, les questions
                  posées par des professionnels des bibliothèques, des musées et des archives au cours de réunions d’informations menées en
                  région. Les seules décisions qui aient été nettement prises sont de limiter strictement le champ du répertoire à la littérature,
                  à l’exclusion des sciences humaines (histoire, philosophie, sociologie etc.) et, d’autre part, de ne pas prendre en charge
                  dans le cadre du répertoire le traitement des fonds qui n’auraient été ni catalogués, ni inventoriés, fût-ce sommairement.
                  Dans la pratique, le travail sur les fonds et les auteurs dont ils conservent les oeuvres ou la correspondance ne présente
                  pas de problèmes particuliers dans 90% des cas, la très grande majorité des auteurs repérés ressortant des genres que le sens
                  commun qualifie de littéraires (fiction narrative - roman, nouvelles, contes -, poésie, oeuvres théâtrales). C’est surtout
                  sur ses marges que le champ du répertoire doit être précisé (limites chronologiques, définition du concept d’oeuvres littéraire,
                  problème des langues régionales, des supports informatiques etc.). L’amorce d’un recensement grandeur nature permettra précisément
                  de prendre des décisions plus éclairées et plus pointues sur ce que doivent être ces marges.
                Avec ces moyens nouveaux, la base du Répertoire national des manuscrits littéraires français contemporains, couramment appelée
                  PALME, a démarré dès l’été 1997. Accueillie dans la base BN-OPALINE, elle est alimentée par des notices établie en format
                  Intermarc. Ces notices peuvent être de niveaux divers suivant que sont traités des fonds catalogués de façon précise, ou des
                  fonds faisant l’objet d’un simple [2/ S. 275:]  signalement. Il y aura donc dans le répertoire, c’est inévitable, des documents décrits pièce à pièce et des fonds importants
                  brièvement évoqués. La base compte à ce jour 70.000 notices; ce nombre a doublé au  début 1999 grâce à la récupération, par
                  le biais d’une rétroconversion, des notices réalisées sous traitement de texte en 1995-1996. Elle ne sera probablement pas
                  ouverte au public avant la fin de l’année 2000. En 1997-1998, les recensements ont portés sur des fonds régionaux (1997: démarrage avec un groupe de quatre régions: Aquitaine,
                  Auvergne, Champagne-Ardenne, Centre; 1998: Alsace, Bourgogne, Franche-Comté, Haute et Basse-Normandie, Ile-de-France, Lorraine,
                  Nord-Pas-de-Calais, Pays-de-la-Loire, Picardie). Une méthodologie de recensement en plusieurs étapes a été mise en pratique.
                
                  La toute première étape a consisté à mettre au point des instruments de travail:- liste d’auteurs littéraires établie sur la base des critères retenus pour le Location register, qui sont, notamment sur
                     le plan chronologique, les plus larges que l’on puisse concevoir, puisque le champ précis du répertoire ne sera validé que
                     dans un second temps. Cette liste a été réalisée d’abord à l’aide d’ouvrages de référence (dictionnaires de littérature ...)
                     puis enrichie par des recherches bibliographiques menées au fur et à mesure des rencontres d’auteurs effectivement conservés
                     dans des fonds;
                  - liste des auteurs susceptibles de ne pas être retenus: elle a été constituée de la même manière que la précédente. Le but
                     de cette liste est, comme la précédente qu’elle complète en creux, de capitaliser les recherches effectuées, surtout pour
                     ce qui concerne les auteurs de très faible notoriété, et d’éviter ainsi de doublonner des recherches, souvent longues et difficiles;
                  - liste des institutions concernées: archives, bibliothèques, musées;- mise au point d’une structure de notice et d’un guide de catalogage à l’usage du répertoire. Dans un second temps, le recensement a commencé, lui-même conduit en deux étapes: La première étape consiste à recenser, région par région, l’ensemble des documents accessibles à distance (catalogues, inventaires,
                  photocopie de fichiers, voire fichiers informatiques): il s’agit essentiellement de documents provenant des bibliothèques,
                  généralement mieux recensés.
                
                  La deuxième étape consiste en un recensement des ressources en collaboration avec les établissements des régions concernées.
                     Après une saisine officielle de la direction régionale des affaires culturelles (DRAC), une réunion d’information dans chaque
                     région est organisée, [2/ S. 276:]  à laquelle est invité l’ensemble des partenaires susceptibles d’être intéressés par le répertoire: archives, bibliothèques
                     municipales, musées. Les résultats obtenus au cours de l’enquête préliminaire leur sont soumis et il leur est demandé de participer
                     au répertoire surtout à un niveau d’expertise et de contrôle:- vérification et correction des notices;- aide au repérage des institutions;- aide à l’identification d’auteurs;- aide à l’évaluation des fonds littéraires dans la région concernée;- préparation de la mission de recensement régional. La dernière étape du recensement consiste à compléter le travail effectué soit à distance pour les fonds peu importants, soit,
                  dans la plupart des cas, par l’organisation d’une mission en région qui comporte deux volets: une enquête complémentaire,
                  mettant plus particulièrement l’accent sur les archives et les bibliothèques, une action de catalogage des fonds non encore
                  traités.
                Le Répertoire national des manuscrits littéraires français contemporains vise d’abord à mettre à la disposition d’un public
                  large, notamment de chercheurs, une grande quantité d’information de haut niveau. Il a donc vocation à être transversal, à
                  prendre en compte des institutions et des documents de nature différente. Compte tenu de la dispersion des archives littéraires,
                  en France comme sans doute, dans nombre de pays d’Europe, il est donc indispensable qu’archives, bibliothèques et musées,
                  collaborent étroitement.
                L’autre objectif, à plus long terme est de sensibiliser les institutions, qui n’en conservent parfois qu’un fragment, à l’intérêt
                  de ce type de fonds, et de mettre en valeur un patrimoine littéraire dont il s’agit de faire émerger les cohérences aux yeux
                  du public, même s’il a été constitué en suivant les voies de la diversité et n’a peut-être d’autre unité que mythique.
                Laurence Bobis |